Un conte de deux salles d’attente (2025)

Texte original en français (si vous le lisez dans une autre langue, il s’agit d’une traduction automatique).

 

Il y a des files d’attente pour entrer au cinéma, au restaurant ou pour l’ouverture d’un magasin la veille des ventes du Vendredi fou. Il y a aussi des salles d’attente chez le dentiste ou à l’atelier de réparation automobile. Bref, on attend souvent et parfois longtemps. Dernièrement, j’en ai visité deux, et chacune m’a offert un portrait de la société qui m’a étonné.

La salle d’attente est un lieu qui nous réunit sans qu’on ait à se parler : nous sommes assis l’un à côté de l’autre, et la plupart d’entre nous ont les yeux rivés sur leurs téléphones. Ce lieu public est aussi vivant et dynamique ; quelquefois, il est silencieux, mais il peut devenir bruyant. Il se transforme au rythme des heures qui s’écoulent et des types de personnalité qui l’habitent.

Lorsque je suis arrivé dans cette salle d’attente, le silence régnait. Mais à mesure que le temps passait, quelques personnes se sont mises à parler entre elles. Au départ, c’était presque un chuchotement, mais voilà : les murmures ne peuvent jamais être contenus. Ils se multiplient et deviennent vite quelque chose de plus grand. L’étincelle du premier contact avait donné lieu à un feu étonnamment puissant. Un homme qui, au départ, m’avait paru froid et intransigeant s’est révélé chaleureux et généreux. Il posait des questions en écoutant son interlocuteur avec intérêt. Son rire était contagieux. Sa femme était également sociable, elle avait, elle aussi, le rire facile. Il y avait dans la salle au moins trois couples qui discutaient joyeusement. Et puis, ils commencèrent à parler des États-Unis. « Oh, oh, je me suis dit. » Je sais qu’il ne faut pas juger les gens par leur apparence, mais des fois c’est difficile de se retenir. Je m’étais fait un portrait de leurs motivations politiques basé sur leur apparence physique : c’étaient des retraités, habillés de façon conservatrice. Je m’étais dit qu’ils étaient des snowbirds et, sûrement, des partisans de Trump. Eh bien, je me suis trompé : ils étaient fermement anti-Trump et, même s’ils avaient tous des liens émotionnels avec « l’Amérique », la Floride surtout, aucun d’eux n’y retournerait avec Trump comme président.

La deuxième salle d’attente était plus petite. La réceptionniste était une femme assez jeune et la radio, allumée sur un poste AM, diffusait de la musique pop. Deux clients sont arrivés et, après vérification de leur rendez-vous, ils se sont assis. Je ne sais pas trop comment cet incendie de broussailles a commencé, mais la réceptionniste mentionna qu’elle revenait d’un voyage aux États-Unis, dans une ville américaine reconnue pour sa culture et sa musique. Le couple plongea tout de suite dans le sujet ; ils avaient des enfants qui habitaient aux États-Unis, dans le même État d’où elle revenait. Tous trois ne cessaient de parler des attraits culturels et de la beauté du paysage. La réceptionniste parla même de la paix qui régnait dans la ville visitée, une paix incroyable, avec des habitants heureux. Elle leur a dit qu’elle déménagerait là-bas sans hésiter. Dans la discussion enflammée, ils n’abordèrent ni la question de Trump, ni les raids de la police de l’immigration, ni les tarifs, ni l’annexion de notre pays par les Américains. J’étais perplexe devant ces flammes qui dansaient devant moi. En observant les clients et la réceptionniste (je sais qu’il ne faut pas juger, mais c’est difficile), je les avais imaginés moins à droite sur le spectre politique. Je n’aurais jamais imaginé qu’ils utiliseraient un accélérant pour attiser les flammes.